Réciproque De La Substitution De Questions
FleetingLa réciproque de la substitution de questions.
Si on admet qu’on remplace spontanément des questions compliquées par d’autre plus simples, et qu’on admet que ces substitutions transparaissent dans le langage courant, on peut essayer de retrouver les questions originales mais compliquées derrières des énoncés en apparence absurdes.
Ici, je note les phrases qu’il m’arrive d’entendre mais dont l’interprétation au premier degré est généralement fausse, ainsi que l’interprétation que je considère la plus parcimonieuse. Il ne s’agit pas forcément de questions, mais je trouve qu’elle subissent le même type de substitution.
Si j’arrive à inciter les gens à faire preuve de modestie épistémique, je pense que les substitutions seront moins fréquentes et les conversations moins laborieuses.
- tu es sûr ?
- est-ce que ton niveau de confiance te semble suffisamment élevé ?
- est-ce que tu peux vérifier à nouveau ?
- c’est pas toi qui est responsable X
- je suis responsable de X
- naturellement
- spontanément
- c’est pas simple
- je n’y arrive pas
- c’est pas bon/bien
- je n’aime pas
- tu as raison
- je suis d’accord
- c’est vrai
- j’en ai entendu parler (voir covera)
- c’est logique
- j’ai l’intuition (système 1) que c’est vrai.
- ça sert à
- ça permet de
- il faut/il faudrait X
- je pense qu’il serait bien que X
- c’est pas Français
- c’est pas comme ça que j’ai l’habitude de parler
- c’est bien/mal
- c’est conforme/pas conforme à mon système de valeurs
- j’ai pas le temps
- le plus souvent: je procrastine à renégocier mon engagement,
- parfois: c’est dans ma someday/maybe list (je ne suis pas engagé mais ça m’intéresserait),
- j’ai trop de trucs à faire
- je me sens stressé à propos du fait que je ne suis pas engagé de façon appropriée,
- c’est compliqué
- j’ai pas compris (en général parce qu’on n’a pas pris le temps de préciser de quoi on parle)
- en Français, on dit X
- un jour, quelqu’un ou quelque chose que j’ai identifié comme une autorité sur le Français m’a dit qu’il fallait dire X
- c’est du bon sens
- c’est conforme à mes intuitions et je me crois insensibles aux biais cognitifs (ou j’ignore leur existence et je crois au mythe d’être rationnel)
- des scientifiques
- des gens que je considère d’autorité et qui ont étudié le sujet
- tout le monde fait comme ça
- je veux qu’on fasse comme ça et j’invoque un argument d’autorité ad-hoc
- ça sert à quoi (quand on montre quelque chose)
- je rationalise le fait que j’en n’ai pas
- ce sont des bonnes pratiques
- c’est ce que j’ai envie de faire
- X c’est Y
- pour moi, X c’est Y
- c’était une bonne idée
- j’ai eu un succès en prenant un choix (voir une idée ne se valide pas rétrospectivement)
- c’est évident
- je sens le goût du vrai
- tu pars déjà perdant
- j’ai une conviction. Même si tu ne la partages pas, suspend ton jugement et faisons l’expérience ensemble
De façon générale, on a tendance à essentialiser nos opinions et communiquer de façon objective nos ressentis subjectifs (voir biais d’autocomplaisance).