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Avoir L'intuition De Faire Les Choses Bien vs Être Convaincu De Faire Les Choses Bien

Fleeting

A kind of system 1 behavior, where you follow your intuition that leads to unintended consequences.

Voici quelques exemples de scènes (à peine caricaturées) dont j’ai pu faire l’expérience.

  • Je vous enverrai votre facture.

[…]

2 semaines plus tard:

  • Je vous envoie la facture tout de suite.

[…]

2 semaines plus tard: …

Quelque chose va mal dans une entreprise.

  • Ayons une réunion pour en discuter !

La réunion a lieu […]

Rien n’a changé.

Quelque chose va mal dans une entreprise.

  • On pourrait faire X.
  • Oui oui, faisons X !

[…]

Rien n’a changé, car personne n’a pensé à prouver que X est adapté au problème.

Quelque chose va mal dans une entreprise.

  • On pourrait faire X.
  • Oui oui, faisons X !

[…]

Les choses s’améliorent avec X, mais aucun suivi n’est mis en place, et X s’arrête de lui même. […]

Nous nous comportons comme si nous voulions bien faire les choses (rasoir de Hanlon), mais nous nous arrêtons au moment où nous avons l’intuition de faire bien, sans essayer de nous en convaincre.

Tout se comporte comme si nous souhaitions juste alléger notre conscience en faisant des promesses, sans vraiment se soucier de si on les respectera. Comme s’il suffisait qu’on arrive à réduire notre dissonance cognitive temporairement sans s’intéresser à la possible dissonance de notre moi futur qui aura à subir les conséquences.

Dans Système 1 / Système 2, Daniel Kahneman décrit l’anecdote d’être moins confiant de s’arrêter au feu rouge proche d’un bus quelques jours après des attentats dans un bus, alors que le comportement rationnel devrait de ne pas considérer qu’un bus est plus dangereux maintenant.

C’est comme si on faisait les choses jusqu’à passer le seuil où on se sent bien mais qu’on ne cherchait pas à atteindre le seuil où on croit que notre action est moralement bonne (voir théorie de l’engagement).

Quand on fait remarquer ce biais à quelqu’un, il y a de fortes chances qu’il soit en dissonance cognitive et pense qu’on le traite de « débile ». Il préfère l’impression de cohérence à la sensation d’un caillou dans les chaussures de ses certitudes.

Un symptôme de ce biais semble être des répétitions de

  1. un stimulus survient sur le sujet d’intérêt,
  2. on se motive et déclenche tout plein d’actions et de routines. On est plein de bonnes résolutions mais on n’a pas pris le temps d’associer les actions au sujet,
  3. le temps passe, on applique les routines de plus en plus machinalement et de moins en moins en lien avec le sujet d’intérêt (voir rationalité),
  4. au mieux, on fini par ne plus faire les routines, au pire on fait des routines zombies, qui prennent du temps et on ne sait plus vraiment pourquoi.
  5. un stimulus survient, retour à 1.

Si on a de bonnes raisons de croire qu’on est dans cette situation, je conseille vivement de simplement ne pas déclencher 2. Je pense qu’on peut accepter l’émotion désagréable de 1. et la réalisation du reste sans se forcer à revivre les autres étapes (voir dichotomy of control et erreur est humaine).

Si on pense honnêtement qu’on veut faire quelque chose vis à vis du sujet, je recommande fortement d’assurer que les routines ne se zombifient pas, notamment en rabâchant le sujet d’intérêt à chaque fois. Cela a l’autre effet positif que les répétitions vont permettre de clarifier de plus en plus son point de vue sur le sujet. Aussi, cela permet de prendre du recul face aux actions et les adapter pour mieux répondre au sujet.

Exemple :

  1. il pleut, je dois marcher sous la pluie,
  2. je me dis qu’il faut vraiment que j’achète un parapluie, je note sur un carnet,
  3. à chaque fois que je passe devant un magasin, j’oublie de regarder mon carnet. À chaque fois que je regarde mon carnet, je ne suis pas dans le magasin.
  4. le temps passe, je regarde régulièrement le carnet et je me sens en contrôle, bien que je n’achète pas de parapluie,
  5. il pleut, je dois marcher sous la pluie, je surligne l’action sur mon carnet pour dire que c’est important,

Plus le stimulus s’éloigne dans le temps, plus il devient abstrait et semble non important (covera).

Ce que je recommande,

  1. il pleut, je dois marcher sous la pluie,
  2. je me dis qu’il faut vraiment que j’achète un parapluie, je note sur un carnet,
  3. je passe devant un magasin, j’oublie de regarder mon carnet. Quand je regarde mon carnet, je visualise le sujet d’intérêt. Je me rend compte de l’échec de l’action, je change d’action, je décide de mettre un rappel pour noter sur la liste de courses d’acheter un parapluie quand je passerai devant. Car je sais que cette liste sera consultée quand je ferai les courses.
  4. je fais les courses, j’achète le parapluie,
  5. il pleut, je sors mon parapluie,

Je pense que si on applique la gtd, l’étape de reflect permet d’éviter de tomber dans ce biais. Ici, c’est ce que reflète 3.

Aussi, on voit dans 3. que choisir la bonne action est plus compliqué que choisir une action qui semble bonne. Elle nécessite de visualiser ce qu’on veut atteindre mais aussi un chemin possible. Il est effectivement plus simple de suivre l’heuristique qui mène à ce biais.

Notes pointant ici